Thémistocle le Cimmérien

"Il y a des gens au gouvernement qui pensent à une réforme fiscale très simple. Sur la déclaration d'impôt, il n'y aura plus que deux lignes. Combien avez-vous gagné l'an dernier ? Envoyez le total.". Ronald Reagan, Président des USA

lundi, août 16, 2004

Fromage ou dessert

Vendredi soir j’écoutais l’émission de Michel Field sur Europe 1 dans laquelle des gens téléphonent pour exprimer leurs opinions sur des sujets d’actualités. L’un de ces sujets était la venue du Pape à Lourdes à l’occasion du 15 août. Certains auditeurs téléphonaient pour exprimer leurs désaccords avec le Pape, notamment en ce qui concerne le préservatif, l’infidélité ou l’abstinence. Certains de ces auditeurs se revendiquaient catholiques mais ne pouvaient s’empêcher de déplorer le manque de « réalisme » du Pape ou bien l’inadéquation de sa position avec le monde moderne. Une auditrice, catholique, faisait remarquer que le pape avait une part de responsabilité dans la diffusion du Sida en Afrique tant son opposition au préservatif pouvait pousser les catholiques africains qui suivraient ce précepte à se mettre en danger. D’autres, plus agressifs, accusaient le catholicisme de tous les crimes, mais passons…

Cette émission m’a amené à me faire quelques réflexions. Tout d’abord je ne suis pas croyant, et les religions ont tendance à m’indifférer tant qu’elles ne perturbent pas ma tranquillité et n’empiètent pas sur ma liberté ou sur celle des autres. Ce dernier point est important. Que les musulmans choisissent de ne pas boire d’alcool ou de ne pas manger de porc, c’est leur choix. Ils font ce qu’ils veulent. Que les prêtres catholiques fassent vœux de célibat ou que certaines branches de l’hindouisme s’astreignent à un régime strictement végétalien, je m’en fous. Tant qu’il n’y a pas coercition, tant que ces préceptes n’engagent que ceux qui les suivent et n’impliquent pas d’égorger un infidèle ou un croyant « déviant » pour la paix de son âme, peu me chaud…Ceci étant dit, la réaction de ces auditeurs m’a énervé…

En effet ce que dit le Pape, et l’église en générale, en matière de sexualité ? Le pape dit que le sperme ne peut-être « libéré » que pour la conception de la vie et que une fois « libéré » celui-ci ne doit pas être « entravé » dans sa « tâche ». Ceci au nom de conceptions du sperme, de la vie, de l’âme etc…qui ne sont pas les miennes, soit, mais qui sont celles du chef de l’église catholique et donc de la majorité de l’église elle-même. Et ces conceptions ne sont pas imposées. Il n’y a pas (plus) de brigades de l’inquisition qui viennent vérifier dans les foyers que le coït-interruptus n’est pas pratiqué. Point de châtiments corporels, de bûchers ou de tortures pour les utilisateurs de capotes ou les hommes et femmes infidèles. Non, Jean Paul II se contente de dire : « un bon catholique n’utilise pas de préservatifs mais pratique l’abstinence. Un bon catholique ne trompe pas sa femme ou son mari, un bon catholique ne couche qu’avec son époux ou son épouse, telle est ma position, telle est la position de l’église Catholique Romaine ». Faisons une métaphore. Supposons que j’invente un nouveau sport, disons le football, que j’en écrive les règles et fonde des clubs. Les gens qui s’inscriront dans mes clubs de foot seront tenus au courant des règles du jeu et si jamais ces règles cessent de leur agréer eh bien ! ils demeureront libres de quitter le club et d’aller jouer à un autre sport. Eh bien ces râleurs sont comme un groupe de licenciés qui viendraient protester auprès de moi en réclamant que l’on puisse utiliser les mains au foot. Non content de protester ils exigeraient que je change les règles de mon sport, au nom du « réalisme ». Pourquoi ne quittent-ils pas le club s’ils n’aiment pas les règles ? Pourquoi veulent-ils à tout prix pouvoir prétendre être des footballeurs s’ils ne respectent pas les règles de ce jeu ?

Le procès que l’on fait au pape est donc une supercherie car ceux qui plaident pour un aggiornamento du catholicisme en matière de sexualité ne réclament en fait qu’une caution morale pour leur propre faiblesse ou manque de volonté. Ces gens là veulent le beurre et l’argent du beurre. Ils veulent pouvoir coucher à droite à gauche (c’est leur droit le plus stricte !) mais aussi pouvoir se dire bons catholiques. Pourquoi n’assument.ils pas leur choix ? Encore une fois parce que nous vivons dans une société d’irresponsable ou les gens n’aspirent qu’à avoir un « père » au dessus d’eux qui décident pour eux : un état, un pape…mais en même temps il ne faut pas que ce père soit trop contraignant, il faut que ce soit un papa-gâteau qui cède sur tout car les gens ne veulent pas de la liberté, non, mais ils veulent une petite vie pépère d’enfants gâtés. Le cas du Sida en Afrique est assez représentatif. Une auditrice prétendait que le sida progresse sur ce continent car le pape interdit l’usage du préservatif et que les africains écoutent ces préceptes…résultat ils couchent à droite à gauche et se retrouvent infectés. C’est très triste pour eux, mais si le Pape a une telle influence sur eux pourquoi n’écoutent-ils pas toutes les recommandations du pape ? Le message du Pape c’est « Pas de capote MAIS par contre l’abstinence et pas d’infidélité ! » La deuxième recommandation ne perce pas le crâne semble-t-il. Certainement parce qu’elle est contraignante et qu’elle réclame l’usage de la liberté individuelle.Autre exemple : celui des prêtres. Est-ce au moment de l’ordination que l’on apprend à l’impétrant que à partir de ce moment la galipette c’est fini ? Non ! Il a choisi d’être prêtre en connaissance de cause. L’église ne vient pas enlever les enfants dans les foyers pour les élever et produire des prêtres contraints et forcés! Pourquoi donc les gens n’assument-ils pas leur choix ? Tu veux être prêtre ?eh bien tu ne niques plus ! Tu ne veux pas arrêter de t’envoyer en l’air ? Eh bien tu ne deviens pas prêtre. C’est l’un ou l’autre. Fromage ou dessert ! Et cesse de mettre ta propre indécision, ton incapacité à assumer ta vie et tes choix sur le dos des autres…Voila ce qu’on devrait dire aux râleurs qui trouvent la position du pape en matière de sexualité rétrograde. Moi je le trouve rétrograde, ergo je ne me prétends pas catholique.

lundi, août 02, 2004

Photos de vacances

Retour de vacances. C’est dur. Après 20 jours de congés me voici de nouveau devant mon écran en espérant ne pas avoir trop manqué à mes lecteurs. Cette année j’ai passé mon temps libre essentiellement dans notre glorieuse capitale, que je connaissais très mal, et Lyon ville chère à mon cœur.
Paris est vraiment un bel endroit même si j’ai plus été impressionnée par les monuments et l’offre culturelle de la ville que par le « cachet » de la capitale. Si le Louvre (bâtiment et musée), Notre Dame, le musée d’Orsay, le musée Guimet ou l’arc de triomphe m’ont vraiment émerveillés, les rues, maisons et demeures de Paris ne m’ont pas scotché…
En fait ce qui m’a le plus plu à Paris, et qui à lui seul aurait valu le voyage c’est une famille de réfugiés politiques sino-cambodgiens qui m’a accueilli chez elle pendant toute la durée de mon séjour.

J’ai découvert dans un quartier de Paris peu reluisant des gens extraordinaires. Des gens qui travaillent au moins douze heures par jour, des gens qui sont certes accrochés à leurs traditions mais aussi très ouverts à celles de leur pays d’accueil. Une mère qui étouffe de fierté pour ses enfants qui sont premiers de leur classe et brillant dans toutes les matières. Des parents qui par leur exemple et aussi par leur culture inculquent à leurs enfants des vertus de travail et de réussite sociale. L’une n’allant pas sans l’autre. Des gens qui ne se sentent pas des victimes du racisme des « petits blancs », de la société française ou d’une quelconque exclusion. Seulement des gens qui savent qu’ils ont quitté un pays devenu invivable et qui sont grés à la France de les avoir accueillis. Des gens qui voulaient réussir même si c’est dur et qui savaient en arrivant en France, dénués de tout, que pour eux ce seraient plus dur que pour les autres mais que là était le prix de la sécurité.Ces gens ne réclament pas d’aide, pas de commisération. Ils ne parlent jamais d’un quelconque « droit à… » …Juste le droit de travailler, beaucoup, pour permettre à leurs enfants de s’élever et d’être pleinement français. Ces gens savent eux que le bien-être n’est pas un « droit », pour les français de souches comme pour tout immigré. Ils savent que le bonheur ça se gagne et ces fameuses valeurs de « la République » que nos bobos mielleux nous rabâchent et nous resservent à toutes les sauces ils en sont eux pleinement imprégnés. Leurs devises seraient, donner nous la paix, laisser nous travailler et en retour nos enfants seront de Grands français, des gens qui feront la fierté et l’honneur de notre pays d’accueil, le leur. Ainsi pêle-mêle j’ai pu croiser une femme qui parle le français avec un fort accent cambodgien mais qui se passionne pour l’histoire des rois de France et avoue ressentir une formidable émotion devant les fastes de la royauté britannique. Une famille fière de son folklore qui m’a fait goûter, et même abuser, de toutes sortes de spécialités culinaires de son pays d’origine mais qui en même temps fut curieuse de goûter le repas italien que je lui avais préparé. Des gens qui sont profondément bouddhistes mais qui m’ont dit à moi qui suis athée que selon eux la religion chrétienne est la plus généreuse de toute… au point que certains soient devenus, dans un syncrétisme improbable, chrétiens-boudhistes. Des gens qui s’enorgueillissent de fêter noël et le jour de l’an avec la majorité de la population, sans y voir une insulte ou une trahison à leurs coutumes, croyances ou religion…

Bref des gens biens.

Par comparaison mon séjour à Lyon m’a montré une autre face de la France, celle que je déteste. J’étais assis, vers 23H00, à la terrasse d’un célèbre glacier lyonnais avec mon amie et un couple de copains. Soudain autour de nous un espèce de vrombissement nous fit comprendre qu’il se passait quelque chose sur les quais de la Saône juste dans notre dos. Devant nos yeux quatre policiers interpellaient un jeune homme bien propre sur lui et lui passait les menottes sous le yeux affolés de sa mère. Les policiers venaient d’extraire le jeune de son Opel corsa qui, garée sur un passage piétons, gênait le passage. La gêne provoquée par l’engin n’était pas bien grande et probablement que tout se serait réglé par une simple remarque si le conducteur avait bougé son véhicule suite à l’injonction des agents de police. Oui mais voilà, le jeune a protesté, a insulté les policiers et tenté de résister. Ce qui aurait dû se régler en dix secondes est devenu une interpellation en bonne et due forme avec menottage à la clef.
A coté de nous, un couple de bobos en tee-shirt Lacoste a alors commencé à déverser sa bile sur les policiers : « les salauds…il ne gênait pourtant pas….il font vraiment chier à jouer aux cow-boys »…Quand nous fîmes remarquer à ces deux lecteurs de Libération que les policiers n’appréhendaient pas le jeune homme parce qu’il était mal garé mais parce qu’il avait refusé d’obtempérer et insulté des représentants de la loi, ils nous ont sorti une sorte de salmigondis à base de « nous aussi on est pour l’application de la loi…mais vous savez à Lyon tout fonctionne par passe droit…il ne gênait pas beaucoup etc… ils ne joueraient pas aux cow-boys dans un Kebab». J’ai cru que mon amie allait les tuer. Notez ensuite l’allusion au kebab qui quelque soit la manière dont on l’interprète est conne. Pour ces gens soit tous les clients de kebabs (comprenez les turcs) sont susceptibles de battre quatre policiers pour venir en aide à un inconnu. Donc pour ces deux bobos tout turc est susceptible de contrevenir à la loi pour un rien. C’est assez comique et paradoxal quand on voit le discours gauchiste qu’ils nous ont tenu et où, si nous avions poursuivi, les termes : solidaire, festif, multiculturel, tolérance et droits de l’homme n’auraient pas manquer d’apparaître. Soit ils considèrent que les « zones kebabs » sont des zones de « non droit » et ils s’en félicitent au nom du lemme incontournable qui postule que tout musulman est une victime et que tout flic est un facho.

Deux cons…à qui il a encore fallu traduire cannelle en anglais pour qu’ils puissent expliquer le parfum d’une glace au correspondant allemand de leur fils….
Au fait le « vrombissement » était dû au murmure de réprobation de la clientèle toujours prompte à prendre la défense de celui qui contrevient à la loi et à voir dans tout flic un fasciste en puissance. J’adore…

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